Parentalités abîmées ?
L’école des parents hors-série 8 – Printemps 2025
Présumés coupables ! Régulièrement, les parents sont montrés du doigt, soupçonnés de mal éduquer leurs enfants, d’être responsables de leurs mauvais comportements. Ils craignent le regard des institutions et des professionnels, se sentent jugés, au point de ne plus oser demander de l’aide, même lorsqu’ils ont conscience d’être perdus ou dépassés. Bien sûr, il n’est pas question de nier que des violences peuvent s’exercer au sein de la sphère familiale. Protéger les enfants victimes est un impératif. Mais nul n’a à gagner à considérer par principe les parents comme défaillants, démissionnaires, incompétents… La plupart font ce qu’ils peuvent, pris entre des injonctions multiples, dans un contexte social fragilisé et des conditions de vie parfois difficiles.
Comment les accompagner sans les stigmatiser ? Permettre à ceux qui en ont besoin d’accepter un appui, sans dévaloriser leur rôle ni leur dénier toute compétence ? Trouver ensemble – parents, professionnels, institutions – des réponses aux difficultés de l’exercice de la parentalité ?
Un beau défi, qui commence par l’écoute : c’était l’objectif d’un colloque organisé en octobre par la Fédération nationale des parents et des éducateurs dont ce hors-série rend compte, tout en proposant d’autres contenus, afin de prolonger la réflexion.



Edito
D’une idée à sa réalisation
Judith Diedhiou et Carole Wiart, Organisatrices du colloque « Parentalités abîmées »
L’école des parents N°655 – Printemps 2025
Manque de places, souffrance au travail, dysfonctionnements aux conséquences parfois dramatiques… Ces derniers mois, l’accueil du jeune enfant fait régulièrement la une de l’actualité.
Cinq ans après la remise du rapport sur les 1 000 premiers jours et alors que le Service public de la petite enfance est entré en vigueur (le 1er janvier), il était temps pour L’école des parents de faire le point sur ce sujet brûlant.
Que va concrètement changer cette évolution pour les familles ? Où en sont les chantiers amorcés pour redresser ce secteur, frappé par une pénurie de professionnels inédite ? Comment accueillir chaque enfant avec considération et respect, répondre aux besoins spécifiques de certains ?
Confier son enfant – qui va vivre ainsi un moment essentiel de son autonomisation – à un professionnel pour reprendre le travail représente une étape cruciale, mais trop souvent anxiogène. Les questions soulevées ici, loin de concerner les seuls parents, constituent une véritable problématique sociétale. À ce titre, ce dossier mérite aussi toute l’attention des pouvoirs publics !



Edito
Prendre soin de la petite enfance
Bruno Jarry, Vice-président de la Fnepe et directeur de l’Espace Parent-Enfant d’Issy-les-Moulineaux
Le 13 février, la Commission parentalité co-présidée par Serge Hefez et Hélène Roques a remis son rapport « Pour une société partenaire des parents » à Catherine Vautrin, Ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles.
Ce rapport encourage un accompagnement des parents basé sur la valorisation de leurs compétences et la confiance en leur capacité à agir. Il souligne la nécessité de la prise en compte des situations individuelles pour mieux répondre aux besoins, et insiste sur l’importance d’une politique de soutien à la parentalité préventive et bienveillante.
À cet effet, le rapport préconise le déploiement d’un numéro national de soutien à la parentalité, notamment en s’appuyant sur celui porté par le réseau des EPE (Ecoles des parents et des éducateurs) : « Allo, parents en crise – 0 805 382 300 » : un premier temps d’écoute nécessaire pour les parents, quelle que soit la difficulté rencontrée.
À l’heure où le projet de loi Attal sur la justice pénale des mineurs est en voie d’être adopté, ce rapport rappelle que la répression et la sanction ne doivent pas devenir la base d’une politique familiale inclusive et soutenante. Merci aux membres de la Commission parentalité, dont le président de la Fédération Nationale des EPE, Philippe DUVERGER, pour ces recommandations qui rappellent le fondement de notre démocratie, les valeurs d’égalité, d’équité territoriale, d’inclusion, de coopération, d’équilibre, de prévention et de diversité.
La Fnepe, l’Ecole des parents et des éducateurs de Lorraine ainsi que l’ensemble du réseau des EPE restent attentifs quant à l’application de ces recommandations et la mise en place des mesures présentées dans ce rapport.
Le nombre de naissances est en forte baisse dans le monde, avec un recul historique en France, autrefois championne de la natalité en Europe. Parallèlement, de plus en plus de jeunes affirment ouvertement leur refus d’envisager la parentalité. Ont-ils des motivations communes ? Faut-il voir un lien entre ces deux phénomènes ?
Pour mieux comprendre cette tendance, nous sommes allés à la rencontre de cette jeunesse qui revendique le choix d’être ou de ne pas être parent, mais aussi de spécialistes – psychologues, sociologues, démographes… – qui sont les témoins de ces évolutions et tentent de les analyser. Un dossier qui interroge nos décisions individuelles, le poids de la parentalité contemporaine, le rôle des politiques familiales, mais aussi la place des femmes et des mères dans nos sociétés et, plus largement, notre avenir collectif.

